by : Guillaume Lecaplain

durée : 40:17 mn

2014

 

« Un Combat Pour Tous » (uncombatpourtous.com/) est un documentaire web réalisé à partir d’interviews. Il revient sur les débats et les batailles qui ont accompagné le vote de la loi dite du Mariage pour tous, du côté de ceux qui ont souhaité la défendre.

« Pour moi, l’homophobie, c’était presque un mot du dictionnaire. Ça n’avait rien de concret. » Puis il y eu la « Manif pour tous », « la sortie du placard de tous les homophobes ».

Un peu plus d’un an après les premières manifestations anti-mariage gay, le journaliste Guillaume Lecaplain est allé à la rencontre d’homosexuels nantais, hommes ou femmes, jeunes ou moins jeunes. Au travers d’une dizaine d’entretiens, ils livrent leurs regards sur ces manifestations, leurs espoirs pour les combats à venir, mais aussi leurs déceptions face à des réactions qu’aucun n’avait vu venir.

« Une vague dans la tronche »

Dès les premières manifs de la rentrée 2012, c’est le choc. Au-delà d’une réaction que certains peuvent comprendre, la libération d’une parole qu’ils pensaient disparue les ramène à leur condition de « différents ». Quelques mois avant, aucun n’aurait imaginé un député prendre la parole à l’Assemblée pour comparer le mariage entre deux personnes du même sexe à de la zoophilie. Un jeune homosexuel, à peine la trentaine, confie :

« Ils nous ont craché à la gueule. C’est comme s’ils nous disaient : “T’as toujours été dans ton coin, reste dans ton placard. On était bien, avant, sans toi.” »

De fait, la première réaction est d’abord l’incompréhension. De quel droit leur refuse-t-on un droit déjà accordé à d’autres ? Car pour les interviewés, la question du mariage apparaît somme toute comme secondaire, pas comme « quelque chose qui va changer notre vie ». C’est avant tout l’égalité qu’ils revendiquent.

« La société allait vivre avec le fait que nous pouvions faire partie du jeu. Donc c’était plus possible de nous mettre dans un coin. Non, on était dans le tableau. »

Mais face à la violence des réactions, l’incompréhension cède rapidement la place au désespoir, à l’envie de pleurer. Mais impossible : « ce serait accepter qu’ils ont gagné ».

 Quand les hétéros l’accepteront… »

Dès lors se fait sentir le besoin de « garder la tête haute », « d’arrêter de subir et de commencer à agir », et la résistance se met en place. Une douzaine de manifestations sont organisées, entre Nantes et Paris.

En famille ou entre amis dans les cortèges, les interviewés reprennent courage. « On partage des choses vraiment très fortes », explique une jeune femme, « c’était joyeux, il y avait plein de monde, c’était bien », renchérit une seconde, sourire aux lèvres.

En filigrane, se lit aussi une critique des médias, ces « journalistes hétéros cools » qui s’amusent à sélectionner les propos les plus violents pour les tourner en dérision. Sauf que ces propos, aucun des interviewés ne les trouve drôles. Et beaucoup fustigent la fainéantise des « arbitres », qui se contentent de donner la parole aux pros puis aux antis, sans prendre vraiment le temps d’analyser ce qui se joue derrière les batailles des slogans.

Aujourd’hui, ils naviguent entre crainte de revenir vers « des heures plus sombres » et volonté de continuer le combat. Pour la PMA, pour les droits des transsexuels, pour avancer sur les rapports de genre. Mais tous sont conscients qu’ils n’auront que peu de prise sur ces débats qui les concernent en premier lieu. Les choses avanceront à leur rythme, « quand les hétéros l’accepteront ».

Mathieu Cantorné : http://rue89.nouvelobs.com/zapnet/2014/02/25/an-apres-sortie-placard-tous-les-homophobes-250238

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