by : Augustin Gimel

durée : 06:00 mn

2013

 

HD, couleur, stéréo, 16/9
Musique originale : Frédéric D. Oberland & Adrien Kanter
Mastering : James Plotkin
Production : Centre de rotation / Gyroscope
Avec le soutien du Centre national des arts plastiques, Image/mouvement, Ministère de la culture et de la communication.
Coup de cœur ARTE Creative « Festival côté court », compétition expérimentaleSynopsis : vidéo topographique née de la rencontre d’un tunnel situé à Hambourg et du Mictlan, lieu de séjour des morts dans la mythologie aztèque. Voyage circulaire et souterrain vers la dématérialisation.Augustin Gimel, né en 1974 à Paris, réalise des vidéos et des installations. Son travail propose une réflexion sur les limites de la perception visuelle et sonore par l’utilisation du plan-photogramme, des combinatoires et du clignotement. Par la contraction ou l’élongation du temps, par des rapprochements de systèmes de représentation antagonistes, le montage révèle la poésie interne des matériaux pris sur le vif. Des entités nouvelles apparaissent le temps d’un battement de cils.ARTE Creative : Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Augustin Gimel : Mictlan est né de la rencontre d’un tunnel situé à Hambourg et d’un mythe aztèque. Le premier élément est une construction du début du XXe siècle permettant de passer sous l’Elbe, reliant le centre de la ville sur la rive Nord avec la zone portuaire de la rive Sud. La caractéristique la plus marquante de cet ouvrage est d’être composée de deux tunnels identiques et parallèles. Ces deux tubes aboutissent sur chaque rive à un espace circulaire permettant le passage d’un tunnel à l’autre et l’accès à la surface. On peut ainsi parcourir une boucle souterraine continue en passant d’un tunnel à l’autre.J’ai découvert ce tunnel, l’Elbtunnel, pendant le « Internationales Kurzfilm Festival Hamburg » où je présentais des vidéos.
Le second élément est le mythe du Mictlan, lieu de séjour des morts pour les Aztèques, dans lequel le défunt doit accomplir sous la terre un voyage dans des contrées inhospitalières au terme duquel il rejoint le Mictlan. Bernardino de Sahagun l’évoque en ces termes dans le Codex de Florence : « Et lorsque quatre années étaient passées, alors le défunt parvenait aux neuf terres de la mort, là où s’étend une large rivière… On disait alors qu’il déambulait en regardant les chiens sur l’autre rive. Et quand un chien avait reconnu son maître, il se jetait à l’eau pour venir le chercher et le faire traverser. Alors, dans les neuf terres de la mort, il l’anéantissait. »
Le rapprochement entre ces deux éléments s’est fait instantanément à la découverte du tunnel. La possibilité de circuler en boucle, d’errer dans cet univers souterrain, froid et très cinématographique a fait naître en moi le désir de connecter ce lieu avec l’espace du Mictlan. Les possibilités de rapprochement entre le mythe et le tunnel sont nombreuses et ont l’intérêt considérable de permettre une transposition et non une illustration. Les points de rapprochement sont notamment : le souterrain, le fleuve et sa traversée, le côté froid et inhospitalier, l’errance, la circularité, les sons étouffés, la perte de repère ressentie en parcourant cette boucle, l’isolement du monde…Pouvez-vous nous raconter plus en détails l’approche que vous avez eu pour votre film ?
Mictlan est une vidéo topographique, tournée et montée en fonction des caractéristiques spatiales du tunnel, ainsi qu’une vidéo métaphorique par le transport d’éléments mythologiques dans un tunnel concret. Il s’agit d’une vision et une restitution d’un espace et d’un temps non naturaliste mais pensé et ressenti spécifiquement par le prisme du médium image/mouvement. J’ai commencé ce travail par une période de collecte de photographies numériques documentant le parcours dans le tunnel sous plusieurs angles de vue. À partir de ces milliers d’images fixes, j’ai constitué des séquences filmiques retraçant différents parcours de l’œil dans le tunnel.
Ce corpus de séquences formait ma matière première pour le montage. En utilisant un montage rapide de points de vue différents, de boucles, en entrelaçant des parcours aux temporalités changeantes mais aussi en trouvant des éléments-images à introduire dans ce tunnel pour installer la dimension mythologique de ce parcours, comme le chien psychopompe, il s’agissait pour moi de mettre en œuvre la rencontre de ce tunnel, fruit de l’époque moderne et de ce mythe aztèque en agençant les éléments dont je dispose afin de donner lieu à une expérience sensorielle et intellectuelle profonde pendant laquelle le corps et les sens du regardant sont plongés dans un voyage dont l’issue est la dématérialisation. Ultime et importante étape du travail, la musique avec Frédéric D. Oberland et Adrien Kanter pour transcender la matière et accompagner palier après palier le spectateur lors de cette transformation.

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Augustin Gimel

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