by : Jérémie Laurent

avec : Thomas Teurlai, Ugo Schiavi et Quentin Euverte

durée : 32:20 mn

Une production du Collectif La Valise pour edenroc.tv / 2012

 


Dans la vidéo de Jérémie Laurent, la fabrication d’un grafiti par l’artiste ne serait presque qu’anecdotique et documentaire,  si elle n’était suivie par une action somme toute peu commune du « décollage » de celui-ci … Cette vidéo s’arrête là où commence une autre histoire dont voici à suivre pour les curieux,  les tenants et les aboutissants :

« Les pillards seront abattus. Nouvelle Orléans, août 2005. Après le passage de l’ouragan Katrina, on pouvait lire cette phrase (ici traduite) inscrite un peu partout à l’aérosol sur les façades des habitations et autre commerce encore debout.
La police, dépassée par les événements, autorisa de manière tacite les habitants encore présents à faire leur propre loi en tirant à vue sur quiconque tenterait de les cambrioler.
Loin d’être un acte désespéré, notre démarche n’en est pas moins du pillage. Un pillage archéologique en un sens, puisque les objets de nos larcins sont exclusivement des graffitis superposés, accumulés années après années, dont les strates les plus anciennes peuvent parfois datées de plus de vingt ans. L’historique de cette accumulation est visible sur la tranche multicolore des «peaux» prélevées, décollées de leurs murs. Une foi récolté, ce butin a dû être rassemblé et stocké. L’espace de la galerie devient alors entrepôt clandestin et lieu de recel de peintures volées.
Mais soyons clair, en ramenant des graffitis à l’intérieur d’une galerie, en les transposant de la rue au «white-cube», notre ambition n’est en aucun cas d’attribuer, une foi de plus, des lettres de noblesse à cette forme d’expression qui doit rester indépendante. Bien des gens ces dernières années ont tenté cette hérésie. C’est précisément par ce que le graffiti et l’histoire qu’il transporte avec lui n’a pas vocation à faire partie d’un système institutionnel de l’art que les tagueurs dont les signatures pourraient être ici identifiées ne sont ni soutenus ni représentés.
Bien au contraire, ils sont victimes. Victimes d’un pillage organisé.
Ironie du geste, nous devenons les vandales des vandales. D’autant plus si l’on se réfère à l’origine du mot historiquement associé au pillage. Les Vandales étaient un peuple germanique oriental célèbre pour avoir pillé massivement Rome en 455. Ainsi, et pour reprendre les mots de Michel Egana, tout comme le «barbare » fut étymologiquement désigné comme l’autre absolu du monde civilisé, le vandale est l’autre impensable et monstrueux du monde de la culture.
Alors la sentence annoncée tombera, intitulé prémonitoire, nous serons abattus! En attendant de constater les faits, ne vendons pas la peau de l’ours… »
Texte d’Ugo Schiavi .         Source texte : http://nice.fr/Culture/Musees-et-expositions/Galerie-de-la-Marine

Voir aussi : http://ugoschiavi.com/fr/work/looters-will-be-shot

 

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